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Plâtre.com

Historique du plâtre

Bref historique du plâtre


L'utilisation du plâtre est beaucoup plus ancienne que la belle histoire du berger de Montmartre découvrant le plâtre grâce à une pluie providentielle sur les pierres de gypse calcinée de son foyer. Par contre, cette légende illustre la grande facilité à obtenir du plâtre grâce à sa température de cuisson très basse.

Et, de fait, les toutes premières villes, au moyen orient, bien des millénaires avant notre ère, ont utilisé le plâtre, ou plus exactement des moellons de gypse hourdés au plâtre, par exemple dans les Tours de Jéricho. Il est également fait mention du gypse sur les tablettes en caractères cunéiformes des Assyriens. Par contre, on ne sait pas s'ils avaient déjà découverts les enduits.

En revanche, le fait est avéré pour les égyptiens : non seulement les pierres des pyramides sont hourdées au plâtre (nous laisserons de côté le débat de savoir si les blocs sont des pierres taillées ou un mortier moulé) mais les enduits peints (par exemple dans la Vallée des Rois) sont également en plâtre. Les égyptiens ne découvriront la chaux que très tardivement sous les Ptolémées après les invasions hittites.

Il a ensuite été utilisé par les Crétois, en particulier de la civilisation minoenne, puis les Chypriotes et les Phéniciens. Ainsi, dans son traité "Sur les pierres", paru au IVème siècle avant J.C., le philosophe grec Théophraste parle de sites de production à Chypre, en Phénicie et en Syrie. Il mentionne entre autres l'usage du plâtre pour faire des enduits et pour fabriquer de bas-reliefs.

Les grecs rencontrèrent l'utilisation en tant que mortier de façon spectaculaire lors du siège de Tyr où les machines d'Alexandre le Grand eurent les plus grandes difficultés à venir à bout des murailles de la ville, montées au plâtre (anecdote rapportée par Arrian dans "Anabasis Alexandri") : quelques années plus tard, les murailles grecques de Doura Europos étaient également bâties au plâtre (Tomlinson in "Emplecton ...").

A noter que les grecs (ainsi que probablement les autres peuples méditéranéens) ont également utilisé le gypse "fer de lance", forme cristalline translucide, pour les fenêtres de leurs lieux sacrés. Il a été appelé Séléné du nom de leur déesse de la lune, car celui-ci transformait la lumière du soleil en un doux clair de lune. En anglais, on parle aujourd'hui encore de selenite, en français de sélénite. En allemand, pour rester dans la tradition céleste, le terme de Marienglass est plus familier pour ces cristaux de gypse transparents.

Parmi tant d'autres choses, les Romains s'emparèrent du savoir hellénique à propos du plâtre. Vitruve dans son traité "De Architectura" (avant 27 av JC) mentionne le stuc alors que Pline, dans son "Histoire Naturelle", fait état de l'utilisation du plâtre dans le bâtiment (et en moulage dans le livre XXXV).

Cependant, dès la période gallo-romaine, on trouve des murs en plâtre y compris sur toute l'épaisseur entre colombages (parpaing de plâtre ou plâtre banché ?).

Ensuite, les mérovingiens en ont trouvé une efficace application par moulage des sarcophages en plâtre : on en connaît de très nombreux exemples en région parisienne (basilique de Saint Denis, Thermes de Cluny, etc ...). La discusion est encore ouverte pour savoir s'ils étaient préfabriqués sous forme de panneaux et assemblés sur place, coulés in situ ou réalisés suivant une technique mixte.

Au XVème siècle, sculpteurs et architectes de la Renaissance continuèrent son utilisation.

En Afrique du Nord et en Espagne, les Maures nous ont laissé de merveilleux chefs d'oeuvre en plâtre moulé et sculpté, dans l'exemple le plus fameux est l'Alhambra.

Le XVIIème est le début de l'âge d'or du décor classique en plâtre : il recouvre d'abord les anciens plafonds à poutres apparentes (les plafonds dits "à la française") puis s'orne de corniches. Viennent ensuite les pannotages de murs puis les rosaces. Les grands décors de gypserie se répandent au XVIIIème en Ile de France mais aussi dans toutes les provinces françaises, et plus particulièrement en Provence (voir à ce propos l'étude de Mme du Chaffaut), en Bourgogne, dans le Midi Toulousain.

Le même mouvement se développe en extérieur avec l'habillage de façades simples avec tout le vocabulaire de l'architecture classique : bandeaux, corniches, pilastres, chaînes d'angle, ...). Poussant plus loin encore, se dévelloppent les stucs brique (Place des Vosges, Versailles, ...), les stucs pierre, les jettis, les stucs marbre.

La fin du XIXème voit la généralisation des éléments préfabriqués : voûtains et hourdis, parpaing et carreaux (bien qu'on en ait observé des exemples dès l'époque gallo-romaine). Suivent les carreaux de mâchefer, les carreaux en plâtre expansé, puis les carreaux à faces lisses actuels. Parallèlement, apparaissent et se perfectionnent les plaques de plâtre.

Parallèlement des traditions locales se perdent dans la nuit des temps, comme, par exemple, la gria dans en Savoie dont l'usage remonte au moins au Xème siècle, comme par exemple dans la cathédrale de Saint Jean de Maurienne ou à l'Eglise de Aimes.
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